Des anti-OGM manifestent à Accra et tentent de lancer un mouvement durable

Le samedi matin 5 avril 2014, au rond-point de Kwame Nkrumah, un groupe d’activistes est rassemblé. C’est le carrefour principal de la ville où se concentre passants, commerçants et embouteillages. Ce groupe de partisans, brandissant leurs pancartes, proteste contre la multinationale américaine Monsanto. Ils défilent en direction du marché Agblogbloshie. Les enceintes hurlent le reggae de Bob Marley et un homme dans le camion de tête tient un mégaphone et s’adresse à la foule.

« Nous disons « non » à Monsanto ! Nous disons « non » à Syngenta ! Nous disons « non » aux OGM [organismes génétiquement modifiés]! » dit-il en parlant d’une voix forte et claire. C’est Duke Tagoe, le porte-parole de Food Sovereignty Ghana. Des passants s’arrêtent et le dévisagent. Ils lisent les messages sur les pancartes, d’autres s’interrogent sur la cause de ce rassemblement, certains s’arrêtent brièvement avant de reprendre leurs tâches quotidiennes.

Tagoe ne se laisse pas décourager. Il continue : « Nous demandons que chaque Ghanéen sorte, que chacun se soulève, que chacun proteste contre la nouvelle politique de notre gouvernement. »

Tagoe et ses partisans protestent contre Monsanto, qui produit des semences génétiquement modifiées et contre le gouvernement ghanéen qui supporte Monsanto et ses homologues.

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À Accra, environ 30 activistes ont participé à cette marche – une de plus parmi les 550 protestations organisées sous l’Hashtag et coalition #ManifContreMonsanto. La coalition estime que dans les six continents : 12 millions de personnes ont participé aux manifestations; des protestations organisées dans le monde entier. En Afrique on en compte pas moins de 16 : Accra, Alexandrie et le Caire en Egypte, Nairobi au Kenya, Windhoek en Namibie, Abeokuta au Nigeria, Dakar au Sénégal et neuf villes en Afrique du Sud.

Un mouvement global et local

« Différentes études ont démontré que les aliments génétiquement modifiés par Monsanto peuvent provoquer des problèmes de santé telles que les tumeurs cancéreuses, la stérilité ou la malformation sur les nouveau-nés », indique la coalition dans son communiqué de presse.

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Toutefois le gouvernement du Ghana n’est pas d’accord.  En 2011, le Parlement a voté pour l’Acte de Biosecurité (Acte 831). L’acte permettrait la production, l’importation et l’exportation des semences et aliments génétiquement modifiés. En 2013, le comité de Biosecurité (créé par l’Acte de 2011) a approuvé une série de tests de cultures de riz et de coton génétiquement modifiées.

Food Sovereignty Ghana et son partenaire Freedom Center of Accra demandent un moratorium pour une période indéterminée jusqu’à ce que le gouvernement puisse démontrer la sécurité pour le grand public. Les organisations soulignent le manque d’éléments suffisants pour démontrer la sécurité des OGM. « Jusqu’ici il n’y a eu aucune étude sur les effets des OGM dans l’alimentation humaine », Food Sovereignty Ghana écrit dans un communiqué. « Nous sommes tous les sujets d’une expérience dont le but est de rendre les entreprises géantes riches et non pas de nourrir plus sainement les être humains ».

Des premiers pas

Après avoir marché presque quatre heures samedi matin, le groupe est arrivé à sa destination –  le marché Agbogbloshie, un des plus grands marchés d’Accra. Ici des vendeurs ( dont la plupart sont des femmes) vendent des légumes, des fruits et d’autres aliments.

‘’Ces vendeuses sont très importantes pour le mouvement,’’ disent Food Sovereignty Ghana et Freedom Center Accra. ‘’ Elles sont les intermédiaires dans la production agricole (elles achètent les aliments des fermiers ghanéens ruraux et ensuite, elles vendent ces produits au grand public). En plus, elles sont organisées avec des associations du marché et elles sont à Accra, près de la chaise de gouvernance. Ainsi, les organisations sont arrivées pour les informer et les sensibiliser. Les vendeuses étaient donc très intéressées. Elles ont demandé que ces organisations  rencontrent leurs leaders afin d’avoir plus d’informations.

Accrmarchande accra GMOMARCH_11OCT2013_VICTORIAOKOYE_3846Les fermiers (en fait les plus affectés par cette politique) sont plus isolés dans les espaces ruraux et sont très loin d’Accra.

La lutte continue. Food Sovereignty Ghana et Freedom Center Accra poursuivent leurs activités éducatives avec des rendez-vous chaque semaine et des initiatives pour informer les acteurs locaux.

 

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Commentaires

Ismaila
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Bonjour Victoria
Je suis très impressionné , je pense que vous avez de l'avenir . je vous souhaite bon courage et bonne continuation